Interview : My Retro Game Box

Mise à jour 11/01/2016 : le service s’est arrêté. Divers problèmes notamment financiers et de santé ont contraint la famille à fermer My Retro Game Box. 

Article original de juillet 2015 : Il y en a pour tous les goûts : le thé, le maquillage, les objets geek, le vin… Le système des box, sortes de pochettes surprises pour adulte que l’on reçoit directement chez soi, a le vent en poupe. Avec toutes ces thématiques proposées, il n’en manquait plus qu’une pour les jeux vidéo. Elle existe depuis le début de l’année : My Retro Game Box.

Le concept est bien rodé : tous les mois l’abonné reçoit dans sa boîte aux lettres (quand ça arrive à rentrer) une sélection de jeux rétro des consoles de son choix (généralement trois), dans une thématique précise ou non. La force de My Retro Game Box est qu’elle propose un système permettant d’indiquer quels jeux l’on a en sa possession afin d’éviter les doublons, ainsi que nos goûts de joueur – tomber sur Harvest Moon sur Super Nintendo n’est pas forcément une bonne surprise lorsque l’on est fan de shoot ’em up.
Intrigué et tout excité, je me suis abonné. Au tarif de 25,50 livres sterling, soit une bonne trentaine d’euros frais de port compris, j’ai ainsi pu recevoir des jeux d’avion sur Game Boy, Thunderbirds et Ecks vs Sever 2 sur Game Boy Advance, ainsi que le délectable Batman Returns sur Super Nintendo. De bonnes surprises, associées au stress à l’ouverture de la boîte… vais-je en avoir pour mes sous ? Quel jeu vais-je pouvoir découvrir cette fois ? Avec un large panel de consoles couvertes (de la Master System à la Playstation 2, de la Game Gear à la Xbox – même le Mega CD !), l’offre peut intéresser les amateurs de vieux jeux curieux, d’autant que le site internet propose également de la vente directe de consoles ou de jeux.

 

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Pour en savoir un peu plus sur la genèse et le fonctionnement de cette machinerie, j’ai posé mes questions à la tête pensante de My Retro Game Box, Katy Craig, qui a gentiment accepté d’y répondre par télé-transcription de son Ecosse natale. Vous allez voir, c’est une affaire de famille.

 

P : Katy, pouvez-vous vous présenter ainsi que les personnes qui s’occupent avec vous de My Retro Game Box ?

K : Je m’appelle Katy – on peut dire que je suis l’instigatrice du projet. De la construction du site internet à sa gestion, du nettoyage des jeux à leur test, du remplissage des box au service client, je m’occupe de tout. J’y travaille à peu près chaque minute de mon temps, et je tiens à ce que nous avons construit comme à mon propre enfant.

Stu est celui qui avait une très bonne connaissance en jeux rétro (au début – je me suis rattrapée depuis). Il s’assure que l’on a des jeux à envoyer, et peut bricoler n’importe quoi si besoin. Il a également un emploi fixe qui nous permet de faire fonctionner le service.

Notre fils Jackson a cinq ans et il est la raison pour laquelle je voulais trouver une activité à mon compte. Je faisais des études au jardin botanique royal d’Édimbourg mais cela ne convenait pas à notre vie de famille, c’est pourquoi je me suis lancée dans quelque chose que l’on aime tous : les jeux. Il trouve les jeux rétro assez difficiles mais il reste un gamer – notamment sur Wii U.

Je suis également assistée par ma soeur Mia, je l’ai prise sous mon aile pour lui faire acquérir de l’expérience. Elle a toujours été une plus grande joueuse que moi – elle jouait à Tomb Raider ou aux Sims alors que j’étais incapable de finir un jeu. Elle n’a que dix-sept ans, donc c’est amusant d’avoir sa vision sur les jeux qui remontent pour la plupart à avant sa naissance.

 

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P : Quand avez-vous commencé My Retro Game Box ?

K : En janvier de cette année. Nous avons souscris à quelques services de box l’année dernière et Stu n’arrêtait pas de me demander pourquoi il n’en existait pas pour les jeux rétro. Ni une ni deux, cette box était créée, et c’était la nôtre. Stu me demande toujours s’il peut s’y abonner, alors je lui répond qu’il a déjà la chance de jouer à tous les jeux que nous envoyons : il n’a pas besoin de s’y abonner. Je pense que secrètement, il préférerait garder tous les jeux que l’on met dans ces box.

 

P : Est-ce que vous considérez le service comme un succès ?

K : Oui, tout à fait. Principalement parce que les gens ont l’air d’apprécier. Je suis sûre que notre comptable nous prend pour des fous car on ne gagne pas tant d’argent que ça, mais on y arrive, et on adore ça.

 

P : D’où viennent principalement vos membres ? (note : le service envoie des box dans le monde entier mais ne propose en abonnement que des jeux de la région PAL)

K : C’est une bonne question, car nous avons des abonnés de régions bien plus variées que nous ne l’imaginions. Sans avoir un pourcentage en tête, nous avons beaucoup d’abonnements et de commandes sur notre boutique venant de pays où le marché du rétrogaming est un peu compliqué. Au Royaume-Uni la plupart du temps en cherchant bien, il est possible de trouver les jeux moins chers que chez nous. Mais pour les australiens par exemple, cela semble beaucoup plus rentable, même avec les frais de port. Quand nous avons commencé il y a eu beaucoup de réactions comme quoi il était possible de trouver les jeux pour moins cher – et c’est en effet le cas selon les jeux reçus – mais si vous n’avez pas accès à ce genre de marché, alors c’est un argument qui tombe à plat.

 

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P : Pouvez-vous décrire comment se passe la gestion du service, de la réception des jeux à l’envoi par la poste ?

K : C’est en réalité assez simple : cela peut se limiter à imprimer une liste de box à remplir, les remplir, mettre une étiquette et poster l’ensemble. Bien sûr il a fallu du temps pour rendre ça simple.

Nous avons des jeux qui vont et viennent tous les jours, alors il faut passer du temps pour nettoyer et tester chaque titre. Parfois un nombre important de jeux peut arriver et partir le même jour dans des box ; nous n’avons pas vraiment la place d’entreposer des milliers de jeux, alors on les emballe dès que l’on trouve quelqu’un à qui cela peut plaire. Nous regardons les infos de chaque membre tous les mois pour voir leurs goûts et ce qu’il a déjà. Nous vérifions aussi par rapport à ce que nous avons déjà envoyé, et essayons d’équilibrer s’il a reçu pas mal de jeux Sega le mois précédent avec des jeux axés Nintendo par exemple. C’est quelque chose qui devient plus rapide avec le temps, on devient familier avec certains jeux et en lisant les goûts des abonnés, on peut tout de suite savoir si tel ou tel jeu peut lui plaire, tant qu’il ait la console adéquate.

Certains abonnés sont plus faciles à contenter que d’autres, certains ont déjà énormément de jeux ce qui rend le remplissage de leur box plus compliqué, d’autres plus simples. C’est également difficile de savoir si la personne va apprécier ce qu’on lui envoie. On trouve toujours quelque chose de chouette dans un jeu, mais certaines personnes peuvent ne pas partager cet enthousiasme.

Le week-end, on se concentre sur les consoles que l’on nettoie après les avoir testées, afin de les mettre sur la boutique. Nous avons encore un peu de travail pour traiter les commandes plus rapidement.

 

P : Est-ce que vous voyez plus grand pour cette entreprise ? Ou ce cadre simple et familial vous suffit ?

K : C’est compliqué. J’adorerai avoir une grande entreprise, mais la réalité fait que nous ne pouvons pas faire plus que ce que nous faisons déjà. Plus de commandes appellent plus d’employés, et nous aurions à louer de plus grands locaux, avoir plus d’équipements, de logiciels : cela coûte de l’argent. Nous ne pouvons nous permettre que d’investir dans ces petits riens qui font pourtant la différence : par exemple nous avons acquis une nouvelle imprimante à étiquettes qui est bien plus pratique que le logiciel que nous utilisions, et chaque minute gagnée est appréciable et rend les choses plus simples. En le disant ça me paraît idiot mais je l’aime vraiment cette nouvelle imprimante.

 

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P : Pour finir, en tant que joueurs quels sont vos jeux et consoles préférés ?

K : C’est là ou Stu et moi sommes différents, je suis vraiment une fan de Sega, alors que lui est un puriste de Nintendo. Il y a un paquet d’objets Zelda dans toute la maison, et on se prend chaque nouveauté de la firme. Nous avons également un léger souci avec les amiibo, pour lesquels nous avons abandonné l’idée d’acquérir toute la collection.

En ce qui concerne le rétrogaming, j’adore les jeux Master System. Je les trouve vraiment amusants dès qu’on les lance, et la manette est vraiment bien par sa simplicité. Stu chérit sa NES et c’est de cette console qu’il a le plus de jeux. Nous adorons les jeux typés arcade, et nous avons commencé à récupérer des cartes mères PCB de jeux d’arcade que l’on branche sur la télé. On adore la borne d’origine de Donkey Kong, et posséder une borne entière est un rêve absolu. Nous avons même appelé notre nouveau chaton Steve Wiebe, comme le champion du monde de Donkey Kong.

 

Comme précisé très justement par Katy, il est probable que certains jeux soient disponibles à moindre coût en loose par l’intermédiaire de brocantes ou sur des sites de petites annonces. La France est en effet un sacré marché pour le jeu rétro et de nombreux magasins et sites en font déjà le commerce.

Cependant, cette box permet de découvrir des jeux auxquels on aurait pas forcément le souvenir : le Batman Returns ainsi reçu en juin tombait à point nommé, étant friand de jeux d’action, encore plus avec l’homme chauve-souris. Le jeu était complètement sorti de mon esprit, et une fois déballé je n’avais qu’une envie, aller cogner du vilain. Forcément, il ne faut pas s’abonner à cette box en espérant recevoir un jeu que l’on cherche en particulier. Mais je sais qu’en ayant indiqué ma préférence pour les jeux d’action, j’ai peu de chance d’être déçu !

Les inscriptions pour le service sont actuellement fermées, mais il arrive que des places se libèrent au fil des désinscriptions. Pour se lancer dans l’aventure, ça se passe sur le site directement : My Retro Game Box.

Crédits images de l’interview : MyRetroGameBox.com

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1 commentaire

  • Otoudro

    Vraiment dommage que ce service ait périclité… Et même surprenant compte tenu de l’engouement actuel du retro gamine. Surtout que mixer cela avec l’addiction liée au box surprise me semble pourtant être plus que viable…

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