Rétrosaure : Iridion 2 (GBA)

Il est toujours sensible de parler des jeux qui peuvent avoir bercé une partie de son enfance ou de ses jeunes années, car cela reste purement subjectif et n’intéresse pas forcément grand monde. Malgré tout, j’ai eu une envie irrésistible de parler d’un jeu qui m’a conforté dans ma grande affection du shoot ’em up sorti sur Game Boy Advance en 2003. Vous avez déjà lu le titre, il s’agit d’Iridion II, et putain, ça fait onze ans.

Développé comme le premier épisode par les allemands de Shin’en Multimedia, qui se spécialisent dans le shoot ’em up quand ils ne font pas de commandes de jeux obscurs, Iridion II se veut un nouvel essai pour fournir à la Game Boy Advance un nouveau grand titre aussi bien techniquement que ludiquement parlant. Le studio est en effet reconnu pour proposer des jeux visuellement bluffants par rapport aux capacités de leur support, grâce à d’habiles moteurs créés pour l’occasion. On retrouve encore aujourd’hui cette maîtrise technique dans les derniers titres des développeurs, Nano Assault sur Wii U et 3DS, ou Art of Balance dans un autre genre toujours sur Wii U. Si Iridion premier du nom proposait un shoot’em up vu de dos comme Space Harrier ou Galaxy Force en leur temps, le deuxième épisode prend le parti du shoot à scrolling vertical, et reçoit ainsi une bien meilleur presse, étant plus lisible que son prédécesseur.

Assez parlé historique, il est plus que temps de se focaliser sur le jeu en lui-même. Composé de quinze stages éparpillés au sein d’un mode histoire complètement anecdotique, le jeu propose de lutter encore contre les forces d’Iridion à l’aide de six armes différentes, dont on ne peut s’équiper qu’avant chaque stage. Comme tout bon jeu d’arcade qui se respecte, chaque niveau est assez court, et on fait donc rapidement le tour de ce que le jeu a à offrir si on ne s’occupe que du simple fait de boucler les stages. Il reste après cela un mode Arcade permettant de refaire les stages un à un et de parfaire son score en découvrant d’habiles techniques ou en découvrant des secrets, ou un mode Challenge qui nous oppose, avec une seule vie, à tous les bosses du jeu les uns après les autres. Retors, mais c’est également ce qui fait la force de cet épisode : une difficulté assez relevée pour qui veut s’aventurer hors des sentiers battus.

Les niveaux sont tous très variés en terme de décors et localités, et même si leur structure reste majoritairement identique, on reste dépaysé par la grande qualité des décors et de l’animation très fluide qui me faiblit jamais malgré le nombre de boulettes à l’écran. Graphiquement, le jeu est composé d’un décor de fond pré-calculé mais de très bonne qualité qui tourne en boucle, et sur lequel défile le niveau avec un simili mode 7. Les ennemis, objets et bien entendu boulettes sont des sprites de bonne facture, et l’ensemble est très harmonieux et certains niveaux en jettent vraiment, notamment lorsque l’on est dans les nuages ou que l’on survole une étendue de lave, d’autant que l’écran n’est pas fixe et suit le vaisseau lorsqu’il se déplace dans les quatre directions. La progression est accompagnée par une bande-son mémorable composée par Manfred Linzner, à qui l’on doit toutes les compositions du studio. Le bougre propose une piste par stage, dont la plupart sont d’une inspiration et d’une qualité surprenante. On peut par ailleurs les réécouter dans le mode Juke-box à débloquer, ou si on les aime vraiment beaucoup, acheter le CD comprenant les versions arrangées des meilleures pistes des deux épisodes. C’est dire.

 

Iridion-2-1      iridion1      Iridion II (USA)

 Il y a du nettoyage à faire pour arriver jusqu’au boss final.

 

Si le voyage est donc dépaysant pour les yeux et les oreilles, le gameplay du titre en lui-même reste assez classique dans le déroulement des parties. Comme évoqué plus haut, il est possible de choisir son arme principale avant de partir en mission parmi un choix de six armes bien distinctes, même si on peut regretter que le choix se révèle assez déséquilibré et que l’on se retrouve à ne jamais en changer. Que ce soit des lasers qui rebondissent sur les parois ou un flot de minuscules boulettes, rien ne vaut un bon laser qui fonce droit dans le gras des belliqueux opposants. En cours de jeu, en dehors du fait que l’on puisse charger son tir pour une décharge plus puissante, il existe un système de power-ups qui permet d’améliorer le vaisseau que l’on pilote, et ce dans un ordre bien défini : un manque de liberté que certains pourront regretter. Lorsque l’on ramasse lesdits power-ups, il est donc possible d’abord de faire apparaître deux satellites qui protègent le vaisseau et lui ajoutent deux canons supplémentaires en pressant sur la touche B. Ils restent mobiles tant que le joueur ne presse pas la touche Select, qui verrouille la position des satellites. Une fois ceci- fait, le prochain power-up doublera la puissance des tirs, puis permettra de régénérer une partie de la barre de vie du vaisseau. Il est également possible en pressant les boutons de tranche de la console de débloquer une autre arme, en utilisant également un power-up. Cela peut sembler un peu complexe, mais dans les faits il n’en est rien.

Attendez, j’ai bien parlé d’un jauge de vie ? Ben oui, dans Iridion II le joueur dispose d’une barre de vie pour son vaisseau mais attention, ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi. Cela évite juste de ne pas mourir dès le premier impact. Si avec les deux satellites placés vers l’avant il est possible de se protéger de la majorité des boulettes, il n’est pas rare de subir rapidement des jets de lasers qui détruisent le vaisseau en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Au joueur de choisir s’il veut dépenser ses power-ups en nouvelles armes ou attendre le moment opportun pour recharger sa jauge de vie avant un boss. Chaque niveau propose d’affronter deux bosses, un à la moitié du niveau et le deuxième à la fin. Comme à l’accoutumée, il suffit d’assimiler le comportement répétitif de la créature pour en venir à bout rapidement, car il ne sont jamais vraiment très futés. Ils sont malgré tout assez variés et nécessitent parfois une certaine dextérité. En cas de gros blocage, il est possible de lâcher une bombe en pressant les touches L et R en même temps, mais attention, il n’y en a qu’une par niveau et cela est déduit du score final.

Iridion II est une expérience malheureusement exclusivement solo. Pourtant, pour un jeu de 2003 et qui plus est sur Game Boy Advance, il propose un système de classement en ligne. A l’aide d’un code fourni à la fin des niveaux en mode Arcade, il est possible de se mesurer aux autres joueurs en ligne. Enfin, il était, car le système semble fermé depuis 2005. Cela reste malgré tout une possibilité fort appréciable, même si le jeu ne garde en mémoire aucun score, en l’absence de pile de sauvegarde.

 

title      iridion-ii_176ps      iridion2

Tous les éléments sont déchaînés dans Iridion II : le feu, le vent, et les écrans titre.

 

Bon et bien Iridion II, pourquoi c’est bien ? Quinze niveaux très variés ayant chacun une ambiance forte appuyée d’une part par des graphismes d’une grande qualité pour le support, une action lente mais soutenue, et une bande-son délectable. Mais également par des contrôles solides et une mécanique de jeu également bien rodée. Après, on peut chipoter et regretter l’absence d’un mode multijoueurs, palliée par le système de classement en ligne, ou encore pester contre le système de mot de passe qui remplace une pile de sauvegarde, mais après tout il reste un jeu qui se veut l’ami des petites pauses dans les transports par exemple.

Pour finir, comment ne pas parler de l’écran titre du jeu ? Étonnamment, je n’ai jamais passé autant de temps sur l’écran titre d’un jeu, même plus que sur le menu principal de Wario Ware Touched! sur Nintendo DS. Pourquoi ? Tout simplement car il démontre encore le talent musical de Linzner. En effet, il est possible de moduler le thème principal du jeu avec quatre accords, quatre lignes mélodiques principales, quatre lignes de basses, et quatre boucles de percussions. Cela fait un paquet de combinaisons et toutes sonnent très bien, et je ne compte plus le temps que j’ai passé à découvrir la façon dont chaque élément arrive à s’imbriquer avec les autres. Le développeur a même posté sur son compte YouTube en novembre 2014 une vidéo de cet écran titre, gage d’une fierté à peine dissimulée, onze ans après. Mais ce n’est pas moi qui leur en tiendrait rigueur : pour cet article, je me suis encore laissé embarquer pendant dix minutes sur cet écran.


Vous avez une Game Boy Advance ? Vous n’avez pas Iridion II ? Laissez-lui sa chance, et n’hésitez pas à retrouver la cartouche au gré des vide-greniers ou de l’interweb si le cœur vous en dit. Vous vivrez de vibrantes aventures à coup de lasers et de musiques envoûtantes, lutterez contre des vaisseaux alambiqués et parcourrez des univers enchanteurs. Mais ne comptez pas sur moi pour vous fournir la cartouche, c’est juste hors de question.

 

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