Tomodachi Life (3DS)

Tomodachi Life, suite d’un épisode a succès sorti exclusivement au Japon sur Nintendo DS, est un jeu bien particulier. Tellement particulier que l’on se demande ce qui a pu passer par la tête des dirigeants des filiales occidentales de Nintendo au moment de décider s’il fallait importer la franchise ou non hors des frontières nippones. Le pitch ? Accumuler les Mii de ses amis et les regarder faire des trucs.

Je dois bien avouer que l’intérêt du jeu ne m’est apparu que lors de pérégrinations sur le forum américain NeoGAF, sur lequel les joueurs postaient les images de leur partie et toutes les bizarreries qui s’ensuivaient. Car jeu typiquement nippon oblige, le titre fleure bon le côté décalé et parfois même très spécial des jeux comme Wario Ware ou même Katamari Damacy sur les consoles Sony. Il n’est pas rare d’assister à des scènes absurdes, renforcées par l’esthétique on ne peut plus minimaliste du titre et son aspect sonore. En effet, lors de l’importation d’un personnage Mii dans la partie, nombre de caractéristiques sont à rentrer, fondant ainsi le caractère du personnage, mais également sa voix. C’est à l’aide d’une somptueuse synthèse vocale que tous les Mii du joueur vont pouvoir s’exprimer, demander à manger des spaghetti, s’énerver contre leur voisin, ou vouloir faire de la corde à sauter.

 

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Jackie Chan en robe rose, des déclarations improbables, tout semble à peu près normal…

Les premières heures de jeu sont donc tout à fait fascinantes. Comme devant un véritable soap opera, le joueur assiste à la vie quotidienne des Mii qu’il aura bien voulu extrader sur l’île du nom de son choix, véritable paradis où chacun a son propre appartement, et où quelques boutiques permettent de dépenser ses euros durement gagnés. Aucun contrôle n’est possible sur ses petits personnages, et c’est à travers leurs espaces étriqués que l’on peut assister à des disputes, des jeux, ou des opérations de séduction parfois gênantes. C’est en aidant tout ce petit monde (une icône permet d’identifier un personnage qui veut quelque chose) que l’on récolte de l’argent qui pourra servir à acheter de la nourriture, des habits, des décorations d’appartement.

Il est difficile de décrire l’étonnante addiction que l’on peut trouver lors des premiers instants de jeu sur Tomodachi Life. On se demande comment va réagir untel lorsque l’on lui fera goûter tel plat, s’il va devenir ami avec un autre habitant, ou s’il sera possible de le mettre en couple avec cet infâme Mii que l’on a récupéré sur le net via QR Code. Le tout est également motivé par le fait que les personnages ont des niveaux, desquels dépendent l’argent qu’ils donnent au joueur ainsi que leur bonheur, et qui débloquent encore plus d’objets à acheter. C’est donc avec une joie non dissimulée que l’on peut se mettre à pouffer devant un tas de situations farfelues, des faux bulletins d’informations, et des dialogues absurdes. La plupart du temps, cela n’a aucun sens et c’est aussi bien comme ça.

Mais tout cela n’a qu’un temps. Une fois les premiers couples mariés, les premiers enfants conçus et devenus majeurs (on peut choisir de les garder sur l’île ou des les envoyer en voyage par Streetpass, pour toujours), on ne peut que constater que les situations tournent inévitablement en rond. Là où Animal Crossing, dans le même style de jeu, arrive à se diversifier au fil des jours et même des saisons, où l’on a un réel contrôle sur son intérieur ou ses activités, Tomodachi Life reste prisonnier de son aspect « spectateur », et agit telle une sitcom qui n’arriverait pas à se renouveler. Le joueur n’a que trop peu d’incidence sur le déroulement de la vie des habitants de l’île, qui, ironie du sort, peuvent très bien se passer du joueur pour continuer à mener leur vie morne et sans piquant (le jeu se déroulant en temps réel).

 

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…mais tout ne reste jamais normal très longtemps.

Alors on peut lancer le jeu de temps en temps, donner une part de pizza à notre personnage, voir que nos Mii continuent de se croiser au parc, puis regarder le Flash Info que l’on aura peut-être déjà vu plusieurs fois. On retournera écouter les chansons que l’on a écrit pour nos boys band d’un jour à la salle de concert, afin de profiter de l’hilarante synthèse vocale proposée par le jeu. Et puis on quittera le jeu, voyant que nos Mii mènent très bien leur vie sans nous, et que finalement sans eux, nous aussi.

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