Rétrosaure : Super Smash TV (SNES)

Adapter un classique du jeu d’arcade sur console de salon, ça sonne tellement nineties. C’est au début des années 90, lors de l’âge d’or des bornes d’arcade, et que les éditeurs sortaient à la pelle des adaptations plus ou moins réussies, qu’Acclaim pondait l’adaptation du shoot Smash TV, sur Super Nintendo comme son nom l’indique. Retour en 1999, quand les gens s’entre-tuaient pour des grille-pain.

Pas besoin de tourner autour du pot avec ce titre : j’ai rarement vu plus bourrin et répétitif, aussi aliénant et borné. Pour autant, ça n’est pas un gage de médiocrité, c’est bien le jeu d’origine qui est comme cela. Aux commandes d’un concurrent de jeu télévisé complètement barré dans la pure veine du film Running Man, le joueur doit sortir vivant d’une succession de salles toutes surpeuplées de tueurs armés jusqu’aux dents, tout en ramassant un max de dollars et de supers objets comme on le ferait au Juste Prix.

 

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Désolé les gars mais il va falloir qu’on nettoie !

 

Adapter un jeu utilisant deux sticks, un pour déplacer le joueur, et un pour orienter ses tirs, fut une gageure pour les autres consoles de l’époque mais pas pour la Super Nintendo. En effet, la disposition des touches sur la manette fait que les deux sticks peuvent être remplacés par la croix et les quatre boutons colorés… et ça fonctionne du tonnerre. Evidemment, cela limite les tirs et déplacement à huit directions uniquement, mais c’est déjà bien suffisant et cela en fait la meilleure adaptation de salon de la borne d’origine. Après, comme évoqué plus haut, le titre est d’une redondance folle. D’une part parce que toutes les salles se ressemblent. Cela est probablement voulu, afin d’apporter une dimension labyrinthique au titre, qui nous propose parfois un cheminement à plusieurs embranchements, mais il n’empêche qu’on a déjà connu plus funky. D’autre part, parce que ces mêmes salles sont polluées par des nuées d’ennemis tous plus cons les uns que les autres. Evidemment on ne demande pas d’un jeu d’arcade que les ennemis soient d’une finesse particulière, le but est avant tout de faire dépenser un maximum de crédits au joueur. Mais quand on se retrouve envahi par des dizaines de sprites qui nous foncent droit dessus, pendant plusieurs vagues par salle, le tout pendant une petite dizaines de salles, cela est réellement épuisant.

C’est exactement le même type de capharnaüm visuel est sonore qui me fait adorer les danmaku ou les jeux comme Metal Slug. Ça hurle, ça tire de partout, ça pétarade, ça se déchire ; et on en tire un sentiment de satisfaction au bout de quelques minutes. C’est exactement pareil avec ce Super Smash TV. Les ennemis affluent donc par dizaines, on tire, ils tirent, les bruits de balles s’accumulent. La musique rugit et boucle encore et encore. Les objets spéciaux disséminés ça et là sifflent, bourdonnent, pendant que les ennemis et projectiles sont vomis de plus belle. Et ça dure. Encore et encore. Et c’est encore mieux lorsque l’on branche une deuxième manette et que le deuxième joueur rejoint la fête, pour deux fois plus de vilains.

 

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Des monstres, des boulettes. Des joueurs en lycra moulant coloré. Miam.

 

La qualité de Super Smash TV est aussi sont plus grand défaut : son action frénétique couplée à sa bande-son délicate comme un clou rouillé en fait un titre jouissif mais bien trop pénible à l’usure – finir le premier niveau qui peut prendre une quinzaine de minutes est déjà une gageure. On finit par éviter délibérément de ramasser l’objet spécial de la scie circulaire, qui si elle se révèle efficace, demeure un des bruitages les plus irritants que j’ai pu entendre. Il vaut mieux couper le son entièrement et se mettre un CD en fond sonore, cela rend l’ensemble bien plus digeste. On ne manquera que les interventions du commentateur qui salue chaque obtention d’un superbe magnétoscope ou d’une voiture de sport, lots en pagaille que l’on peut ramasser lors des tueries en plus des dollars sonnants et trébuchants.

Pourtant, ce titre reste un jeu génial à deux joueurs. Qui ramassera le plus de voitures, le plus de dollars ? On lui pardonnera son rythme presque trop intense, sa bande-son douce comme du papier de verre, car il est de ses titres qui ne prend sa réelle dimension que lorsque deux âmes perdues s’affrontent pour un putain de magnétoscope et une liasse de billets. Et la liberté.

 

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